Cela ne te vient pas de la chair et du sang. Cela ne te vient pas de ton extraordinaire intelligence ou parce que tu as cherché longtemps et que tu as enfin trouvé ! il y a des choses, des réalités qui nous sont données, elles ne dépendent pas de nous. Que Dieu soit Dieu ; que nous ayons été créés ; que nous soyons un garçon ou une fille : tout cela ne dépend pas de nous, de l’idée que nous nous en faisons ou de la pensée du moment.
Jésus fait l’éloge de la foi de Pierre, cette foi qui reconnaît qui est Jésus en vérité ; cette foi qui accueille le secret de Dieu, ce que Dieu dit de Lui-même, ce qu’Il nous révèle. Saint Paul dira : J’ai combattu le bon combat, j’ai gardé la foi… la foi dont Saint Pierre devient le garant et le gardien pour tous les disciples de Jésus.
Saint Pierre a accueilli la vérité sur Jésus, Messie et Fils du Dieu vivant. Dieu le Père a envoyé son Fils unique. Jésus se tient toujours devant son Père et en relation filiale avec Lui. C’est cela que Saint Pierre confesse. Il ne reste pas à la surface, voyant superficiellement Jésus, un homme qui serait identique à tous les autres, il saisit la différence fondamentale : Jésus est Dieu fait homme, venu pour nous sauver. Tout découle de cette affirmation et de cette reconnaissance.
Lorsque Simon-Pierre confesse la vraie foi en Jésus, Jésus fonde l’Eglise, donne naissance à l’Eglise en lui conférant un fondement solide : Pierre, Tu es Pierre, et sur cette pierre Je bâtirai mon Eglise. L’Eglise, aussi, se reçoit. Nous pouvons créer une association de vignerons ou d’amateurs de jus de raisin, donner naissance à un club mais c’est Jésus qui bâtit son Eglise ; elle est la sienne, elle est son œuvre. Elle est fondée sur la foi de Pierre.
Nous savons que Saint Pierre a eu peur, qu’il n’a pas toujours tenu bon dans l’épreuve mais la foi qu’il a professée est restée la même parce qu’elle vient de mon Père qui est aux Cieux.
Depuis ce jour où, à Césarée, Jésus a institué Simon-Pierre comme fondement de l’Eglise, signe et fondement visible de l’unité de toute l’Eglise, l’Eglise vit avec cette promesse de Jésus. Nous comprenons pourquoi le pape a besoin de notre prière, de notre affection, de notre attachement. Quand Robert Francis Prevost s’assoit sur le siège de Pierre, il devient Pierre, Pape successeur de Saint Pierre dans la charge et la mission que Jésus lui a confiées. Le Pape n’est pas le chef d’une entreprise internationale, il est le garant et le gardien de la foi catholique, le vicaire du Christ ou encore, comme aimait à l’appeler sainte Catherine de Sienne, le doux Christ sur la terre.
C’est pourquoi nous nommons le Pape à chaque messe, au coeur de la prière eucharistique, au moment où Jésus se rend présent : nous ne sommes en pleine communion avec Jésus que si nous vivons cette communion dans l’Eglise, unis au P+ape. C’est pourquoi nous aimons le Pape quel qu’il soit, parce que nous aimons Jésus et que nous voulons lui être fidèle, recevoir de Lui tout ce que nous ne pouvons pas nous donner à nous-mêmes, tout ce que nous ne pouvons que recevoir comme un don, un cadeau gratuit qui nous vient de Dieu.
Dans l’Eglise, celui qui doit obéir le plus, c’est le Pape, parce qu’il doit transmettre la foi, affermir ses frères dans cette foi, il doit le faire fidèlement à Jésus et intégralement. Il doit le faire aussi dans les circonstances de notre temps et pour ce temps-là. Léon XIV disait justement il y a quelques jours :
« Une dernière remarque que je voudrais vous adresser est celle de considérer les défis de notre temps avec une perspective prophétique. Nous sommes préoccupés et attristés par tout ce qui se passe chaque jour dans le monde : nous sommes blessés par la violence qui engendre la mort, nous sommes confrontés aux inégalités, à la pauvreté, aux multiples formes d’exclusion sociale, à la souffrance diffuse qui prend les traits d’un mal-être qui n’épargne plus personne… Le Seigneur nous a voulus en cette époque pleine de défis qui, parfois, semblent plus grands que nos forces. Nous sommes appelés à embrasser ces défis, à les interpréter de manière évangélique, à les vivre comme des occasions de témoignage. Ne les fuyons pas !… Que nous accompagne le cri du cœur de saint Augustin, qui disait : « Aimez cette Église, demeurez dans cette Église, soyez cette Église. Aimez le bon Pasteur, l’Époux très beau, qui ne trompe personne et ne veut la perte de personne. Priez aussi pour les brebis égarées : qu’elles aussi viennent, qu’elles aussi reconnaissent, qu’elles aussi aiment, afin qu’il n’y ait qu’un seul bercail et un seul pasteur. »
Abbé Pierre PEYRET