Jubilé des vignerons

Nous aimons les bonnes nouvelles, ce qui donne de la joie. Jésus a une bonne nouvelle pour nous, Il nous souhaite une année de bienfaits. Ce sont les bienfaits de Dieu, le bien que Dieu désire pour chacun de nous. Il s’agit d’une belle coïncidence en cette année jubilaire et en ce  dimanche où nous célébrons le Jubilé des vignerons à l’occasion de la fête de Saint Vincent, leur Saint patron.

Ce passage de l’Ecriture (lu par Jésus à la synagogue de Nazareth) est justement l’annonce d’un jubilé, une année particulière qui revenait tous les cinquante ans mais Jésus dit que c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. Aujourd’hui nous pouvons recevoir la joie qui vient de Dieu, cette joie qu’il veut nous donner afin que personne ni rien ne nous l’enlève. Ce n’est pas la joie de l’animal bien portant, bien nourri et bien gras, avant qu’il n’aille à l’abattoir !  La vraie joie se manifeste à travers des signes concrets.

Tous avaient les yeux fixés sur Jésus et ils étaient en attente. C’est le propre de celui qui espère d’être en attente. Si l’espoir fait vivre, l’espérance donne la Vie ! Le travail de la vigne nous donne un bel exemple. Personne ne taille la vigne s’il n’est en attente du fruit futur. Dans ce petit morceau de bois qui reste sur la vigne il voit la pousse plus vigoureuse et la grappe plus juteuse à venir. Nous pouvons penser à tous ceux qui ont travaillé l’année dernière mais dont la vendange a déçu. Ils avaient l’espoir d’une bonne récolte d’une belle année mais cet espoir a été lui aussi déçu. Pourtant il recommence cette année sans se laisser démoraliser.

La taille est une image de notre vie ; nous répétons les mêmes gestes ; nous disons les mêmes mots et cela a du sens. La taille est un acte qui espère et qui fait espérer. Jésus, Lui-même, dans l’Evangile parle de la taille que son père, notre Père, opère dans notre vie pour qu’elle porte plus de fruit.

C’est aujourd’hui qu’Il demeure avec nous, qu’Il nous accompagne, qu’Il nous parle, qu’Il veut notre bien. Le bien est le signe concret d’où vient la vraie joie. Jésus désire notre bien et Il compte sur nous pour que le bien se multiplie par notre attention, notre engagement, nos relations, notre travail… Sommes-nous conscients de tout le bien qui dépend de nous ?

Saint Luc qui a écrit le troisième évangile a voulu que le bien se répande par une plus grande diffusion de l’Evangile, la bonne nouvelle de Jésus. Lui aussi a été un serviteur de la Parole.
Elle est belle cette expression car l’homme agit d’après ce qu’il connaît, d’après ce dont il a conscience.

Saint Luc s’est renseigné précisément ; il a cherché les témoins, ce qui ont vu et entendu Jésus depuis le commencement, c’est-à-dire même quand lui, Luc, ne connaissait pas encore Jésus. Il rapporte, par exemple, les évènements dont la Vierge Marie a été la première et même la seule témoin, un témoin privilégié et unique au moment de l’annonciation. La très sainte Vierge Marie désire le bien de toute l’humanité, elle se fait servante du Seigneur, la première, servante de sa Parole :  qu’il me soit fait selon ta parole. Si nous nous mettons à l’écoute de la Parole, à l’écoute de Jésus, notre vie sera transformée.

Quand j’emprunte un chemin, j’espère qu’il me conduira au but.  Quand je taille la vigne, j’espère qu’elle me donnera son fruit. Nous avons besoin d’avoir du sens, de donner du sens à ce que nous faisons, à ce que nous sommes, à notre vie. Jésus nous apprend le sens de notre vie, avec Lui nous pouvons ne jamais désespérer, même si le résultat est décevant, parce que nous pouvons toujours mettre notre cœur dans ce que nous faisons, dans la répétition des mêmes gestes ou des mêmes paroles mais qui ne sont jamais les mêmes parce que Dieu fait toutes choses nouvelles, parce que notre cœur se renouvelle sans cesse, par ce qu’aujourd’hui est un nouveau jour.

Une bonne taille demande un bon sécateur ! Soyons de bons instruments, aiguisés par l’amour de Dieu, par l’écoute de sa Parole, par la fidélité à sa présence eucharistique, par son pardon. Jésus veut réaliser aujourd’hui son œuvre d’amour et de salut pour notre monde. 

Abbé Pierre PEYRET

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