Saint de l’ordinaire

Les saints ne sont pas faits pour être admirés mais pour être imités (Bx F.Ozanam). C’est l’un des motifs pour lesquels l’Eglise les propose en les inscrivant au livre des saints.

Vénération, imitation et intercession : voilà les trois raisons d’une canonisation.

Lors de la canonisation de Saint Josémaria le saint Pape Jean Paul II l’a présenté comme le saint de l’ordinaire. Pour être saint il n’est pas nécessaire de faire des choses extraordinaires mais il est nécessaire de réaliser l’ordinaire avec tout l’amour dont nous sommes capables, avec toute la perfection humaine et surnaturelle possible, en mettant notre cœur dans tout ce que nous faisons, et en le faisant pour la gloire de Dieu. C’est l’ordinaire réalisé de manière extraordinaire. A Dieu toute gloire était un refrain coutumier dans le cœur de St Josémaria. Il savait tisser le quotidien, le plus trivial, un chien qui passe, monter ou descendre un escalier, ouvrir une porte, avec le divin.

« Nous sommes venus dire, avec l’humilité de celui qui se sait pécheur et peu de chose – homo peccator sum, disons-nous avec Pierre, – mais avec la foi de celui qui se laisse guider par la main de Dieu, que la sainteté n’est pas affaire de privilégiés : que le Seigneur nous appelle tous, que de tous il attend de l’Amour, de tous, où qu’ils se trouvent, de tous, quel que soit leur état, leur profession ou leur métier. Car cette vie courante, ordinaire, sans éclat, peut être un moyen de sainteté : il n’est pas nécessaire d’abandonner son état dans le monde, pour chercher Dieu… tous les chemins peuvent être l’occasion d’une rencontre avec le Christ. »

Rencontrer le Christ et le faire rencontrer : depuis la barque d’un pécheur du lac de Tibériade ou dans un magasin, assis à sa table d’étude ou dans un stade olympique, dans la vie de famille.

Saint Josémaria n’a eu de cesse de rayonner Jésus dans sa vie, de Le laisser passer. « Me cacher et disparaître pour que seul Jésus brille » a été la devise de sa vie. S’il se cachait lui, il ne cachait jamais son appartenance à Jésus et à son Eglise très sainte. Dire la vérité, affirmer le droit de chacun à vivre en homme libre et véritable, aimer quoiqu’il arrive, dans la facilité ou les contrariétés : voilà l’héroïsme du quotidien. Nous ne pouvons pas être tous martyrs ou mourir en offrant notre vie mais nous pouvons tous confesser le Christ dans notre vie quotidienne. Il disait : « Mes enfants, pour nous, l’extraordinaire c’est l’ordinaire, l’ordinaire accompli avec perfection. Toujours sourire, en passant outre à ce qui nous dérange, ce qui nous ennuie – c’est cela avoir de l’élégance humaine : être généreux sans mesure. En un mot, faire de notre vie une prière continuelle. » C’est une autre manière, plaisante, de parler de ce que l’Eglise nomme les vertus héroïques.  

Dans une définition plus académique Benoît XIV, le pape des procédures de canonisation, dit :   « Pour qu’elle soit héroïque, la vertu chrétienne doit être accomplie de manière expéditive, promptement et plaisamment au-delà du mode commun pour une fin surnaturelle, et sans le raisonnement humain, avec l’abnégation de qui agit et la soumission des affections. »

Pour y parvenir nous devons faire comme l’enfant qui apprend à marcher ou comme celui qui ramasse des petites fleurs pour en faire un bouquet : une chose après l’autre, constamment, sous le regard de Dieu.

Jeter le filet et obéir à la Parole de Dieu, nous ne devons jamais faire l’un sans l’autre : agir et prier, prier et agir. « Notre arme , c’est la prière. », c’est-à-dire ce lien permanent avec Dieu, ne pas perdre le contact divin, car notre force nous est prêtée, nous ne pouvons pas compter simplement sur nous-mêmes… mais Dieu compte sur nous, sur notre vie faite de chair et d’os, offerte.

Dieu et audace disait-il encore. Jésus continue de passer et d’appeler, Il continue de nous assister avec la puissance des sacrements, Il nous encourage de  sa Parole. Ayons l’audace de dépasser ce qui nous retient, les a priori qui se dresse comme des obstacles infranchissables ou qui retardent notre marche vers le Royaume.

Jésus monte dans la barque de notre vie dans chaque Eucharistie. Arrimons solidement notre cœur au sien. Permettons Lui de rentrer dans notre vie, la nôtre, celle que nous vivons d’ordinaire, jour après jour… jusqu’au dernier jour.

Abbé Pierre PEYRET

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