Ecouter Jésus

Gravir une montagne demande de produire un effort, peut-être même de combattre le manque d’envie, parce que l’effort nous rebute, ou la fatigue se fait sentir mais quelle joie lorsqu’on arrive au sommet. Les 3 apôtres ont bien fait de monter avec Jésus, ils étaient heureux d’être avec Lui et ils ont été récompensés en Le voyant transfiguré.

              Pour nous aussi il vaut la peine de poursuivre notre chemin de pénitence durant ce carême, de mener le combat spirituel toujours nécessaire. Avec Jésus nous gravissons la montagne de la prière. Ne nous laissons pas rebuter ni gagner par la fatigue et nous partagerons aussi sa gloire, nous recevrons ses lumières pour notre vie.

En redescendant de la montagne de la Transfiguration, les amis de Jésus n’ont qu’une seule consigne à suivre : « Celui-ci est mon Fils,
celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Notre Père du Ciel ne nous donne qu’un impératif : écouter !

              Ecouter et obéir, c’est pareil. L’obéissance est une écoute attentive, active : j’entends maman m’appeler et je me lève tout de suite. Je dois me mettre à mon travail, je me concentre sur lui. Ecouter, c’est percevoir la réalité et y répondre, y correspondre. Dieu nous parle, nous écoutons sa Parole ; ce qui Lui plaît, c’est notre écoute fidèle : que nous L’écoutions en mettant en pratique ce qu’Il nous dit. Entendre et écouter ne sont pas la même chose. Vous pouvez entendre ma voix comme une belle berceuse sans écouter le sens des mots.  Si les murs ont des oreilles, on peut aussi parler à un mur.

Nous entendons donc ce conseil de notre Père du Ciel : écoutez ! Qu’écoutons-nous ? Est-ce que nous suivons nos caprices, le caprice du moment ? Est-ce que nous suivons nos idées et seulement nos idées ? Les tendances de la chair luttent contre l’esprit dit la Sainte Ecriture. Durant le carême les privations imposées à notre corps sont le moyen de garder la liberté d’écouter. Ce ne sont pas elles qui comptent le plus. Ce qui compte davantage, c’est l’écoute, l’obéissance.

Dans la vie ce qui est le plus difficile, c’est l’obéissance. Le Bx Edouard Poppe, prêtre belge, dit que l’obéissance est la vertu la plus contraignante. Dans l’histoire du Peuple hébreux il y a cet épisode : le roi Saül vient de remporter une victoire et l’armée se jette sur le butin. Alors Samuel dit à Saül : Pourquoi n’as-tu pas obéi à la voix du Seigneur ? Pourquoi t’es-tu jeté sur le butin. Pourquoi as-tu fait ce qui est mal aux yeux du Seigneur ? » Saül répondit à Samuel : « Mais j’ai obéi à la voix du Seigneur ! … Dans le butin, le peuple a choisi le meilleur… pour l’offrir en sacrifice au Seigneur ton Dieu. » Samuel répliqua : « Le Seigneur aime-t-il les holocaustes et les sacrifices autant que l’obéissance à sa parole ? Oui, l’obéissance vaut mieux que le sacrifice, la docilité vaut mieux que la graisse des béliers.

Obéir est plus sûr. Obéir demande souvent un sacrifice plus grand parce qu’il est difficile de renoncer à notre volonté propre. Cependant notre obéissance sera toujours plus facile que celle de Jésus car Jésus s’est fait obéissant jusqu’à la mort et la mort de la Croix. Saint Paul nous disait de ne pas être ennemi de la croix. Désobéir est une manière d’être ennemi de la croix. Nous rejouons la désobéissance d’Adam et Eve que Jésus est venu réparer par son obéissance.

Ne pas écouter est une manifestation de l’orgueil, la volonté de décider de tout ou de vouloir faire tout seul. L’écoute nous fait sortir de nous-mêmes, de nos propre pensées, nous décentre. L’écoute nous rappelle que nous sommes en lien avec les autres, avec notre environnement. C’est une forme d’attention : attention à mes parents, attention à mes frères et sœurs, attention à mes enfants, attention à mon voisin, à ce prochain que je ne connais pas encore.

Le Père a envoyé son Fils pour nous dire sa Parole. La Parole de Dieu s’adresse à notre esprit, elle s’adresse à notre liberté. Ce n’est pas un ordre péremptoire qui nous tombe dessus, comme un coup sur la tête, c’est une lumière pour notre vie, pour suivre le chemin qui mène au salut.

Dans le combat spirituel du carême nous avons les encouragements de Jésus, un doigt de miel au sommet de la montagne que nous devons gravir. Les trois sont montés avec Jésus, et Jésus nous invite à le suivre dans sa prière car la sainte messe n’est pas d’abord notre prière mais celle de Jésus ; dans l’obéissance au Père, par amour, Il continue de s’offrir tout entier, et Il nous entraîne dans son obéissance, dans le don de Lui-même pour nous donner à notre tour.

Abbé Pierre PEYRET

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