La vie chrétienne est plus un marathon qu’un sprint de 100m. Quarante jours, c’est long mais c’est bon ! C’est long, surtout au début. On n’est pas encore entraîné, il faut se mettre en route, prendre ses marques. Puis vient l’habitude, la bonne habitude, et enfin la persévérance. C’est long mais c’est bon, car c’est le seul moyen de construire une vie solide, enracinée, fondée dans le Christ.
Pour faire un marathon ou un sprint, il faut faire un pas après l’autre ; la différence, c’est que le marathon demande de la constance. Le temps ne respecte pas ce que l’on fait sans lui. C’est pourquoi ces quarante jours nous sont nécessaires. Celui qui veut faire le marathon et tenir jusqu’à la ligne d’arrivée doit s’entraîner souvent. Le carême est un entraînement, plus intensif, une fois par an. C’est plus facile que le marathon parce que tout le monde peut le faire et arriver au bout. L’important est la constance, une petite chose que nous allons faire chaque jour, jour après jour : nous lever (ou nous coucher) à l’heure dite, prendre un temps de prière, faire une bonne action, nous priver d’un aliment, ne pas dépasser le temps prévu sur tel écran, laisser de côté mon téléphone…
Pour cet entraînement nous avons un bon guide, Jésus, qui est allé au désert pour nous montrer le chemin. Il y est allé pour mener un combat, le combat spirituel. Il combat pour nous mais il n’y va pas seul : Il est rempli d’Esprit-Saint, Il y va dans l’Esprit. C’est cet Esprit que nous devons avoir aussi pour vivre un carême chrétien. L’Esprit nous entraînera comme il a entraîné Jésus au désert, il nous inspirera, il combattra avec nous, en nous.
Le carême développe en nous l’esprit de pénitence qui est la clef du combat spirituel. Sans esprit de pénitence le combat est déjà perdu, nous sommes vaincus, nous avons baissé la garde, nous n’avons pas l’entraînement nécessaire. Pourquoi y-a-t-il un combat ? parce que la nature humaine « est blessée dans ses propres forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à l’empire de la mort, et inclinée au péché… Le Baptême, en donnant la vie de la grâce du Christ, efface le péché originel et retourne l’homme vers Dieu, mais les conséquences pour la nature, affaiblie et inclinée au mal, persistent dans l’homme et l’appellent au combat spirituel. » CEC 405
L’homme demeure libre, et Jésus nous le montre en repoussant la tentation avec des moyens simples, à la portée de tout homme, mais à cause du péché originel le diable a acquis une certaine domination sur l’homme. « Engagé dans cette bataille, l’homme doit sans cesse combattre pour s’attacher au bien ; et non sans grands efforts, avec la grâce de Dieu, il parvient à réaliser son unité intérieure. » GS 37
En ne mangeant rien, Jésus fit pénitence et il resta complétement maître de son appétit. L’Evangile nous présente trois tentations qui sont comme trois appétits à maîtriser, sur lesquels nous devons veiller. L’appétit est un désir, une recherche, la révélation d’un manque. Nous pouvons être tentés de combler ce manque, de satisfaire ce désir de manière rapide, inadaptée et même destructrice. C’est ce que le diable propose à Jésus… c’est ce qu’il nous propose à nous aussi ! « Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l’éducation, de la politique, de l’action sociale et des mœurs. » CEC 407
L’esprit de pénitence nous protège de ce piège, il est la clef du combat spirituel. La pénitence n’est pas quelque chose de négatif ; elle est même très positive quand nous décidons de multiplier les actes bons, de faire le bien et de le répéter jour après jour.
Dans son message pour le carême le pape nous pose quelques questions : Suis-je vraiment en chemin ou plutôt paralysé, statique, dans la peur et manquant d’espérance, ou bien encore installé dans ma zone de confort ? Est-ce que je cherche des chemins de libération des situations de péché et de manque de dignité ?
Laissons-nous conduire par l’Esprit : L’Esprit Saint nous pousse à sortir de nous-mêmes pour aller vers Dieu et vers nos frères et sœurs, et à ne jamais nous refermer sur nous-mêmes. Nous savons aussi que Jésus a déjà remporté ce combat, avec sa grâce nous le remporterons également. Jésus, notre amour et notre espérance, est ressuscité… c’est là que réside la foi et la grande espérance des chrétiens : la résurrection du Christ !… Nous devons nous demander : ai-je la conviction que Dieu pardonne mes péchés ? Ou bien est-ce que j’agis comme si je pouvais me sauver moi-même ? Est-ce que j’aspire au salut et est-ce que j’invoque l’aide de Dieu pour l’obtenir ? Est-ce que je vis concrètement l’espérance qui m’aide à lire les événements de l’histoire et qui me pousse à m’engager ?
Dans ce marathon Jésus Lui-même nous ravitaille, Il se fait nourriture, notre force, pour ne pas défaillir en chemin.
Abbé Pierre PEYRET