Le temps des vendanges : alliance avec la création.

Suffit-il d’avoir de bonnes oreilles pour ne pas être sourd ? Les enfants écoutent beaucoup, à la maison, en classe mais il arrive parfois que nous fassions la sourde oreille. Jésus lui-même a dit : « ils ont des oreilles et n’entendent pas. » Jésus guérit de la surdité. Si nos oreilles sont bonnes, notre cœur doit être disponible, prêt à écouter. Il nous faut vouloir entendre. Si nous entendons avec nos oreilles, c’est surtout avec notre cœur que nous écoutons.

            Que devons-nous entendre ? Dieu qui nous parle, qui nous appelle. Il s’adresse à nous et compte sur nous. Nous savons l’importance de la Parole de Dieu, sans laquelle nous ne pouvons être chrétiens, disciples de Jésus : « il ne suffit pas de me dire « Seigneur, Seigneur », il faut faire la volonté de mon Père » et cette volonté nous la connaissons en écoutant la Parole de Dieu.

            Que devons-nous entendre ? L’apôtre saint Jacques dans la deuxième lecture nous parlait des besoins de chacun, de savoir reconnaître la dignité intrinsèque de chaque homme, d’entendre le besoin d’être accueilli, reconnu, considéré, de trouver sa place dans la société des hommes, au sein d’une communauté. Cette écoute pleine d’attention et d’amour est nécessaire en famille, entre époux, entre parents et enfants, entre frères et sœurs.  

            Le besoin de reconnaissance passe aussi à travers le travail, reconnaître le travail de chacun, être reconnu par son travail, ce qu’il apporte à la société, à la vie des hommes, comme un service rendu.

A l’origine de la création Dieu a mis l’homme dans le jardin pour qu’il le travaille, le cultive. Il y a une harmonie entre l’homme et la terre. Elle s’exprime dans la première lecture par cette belle image, l’homme n’est plus sourd et la terre s’en réjouit : La terre brûlante se changera en lac,
la région de la soif, en eaux jaillissantes.
Nous sommes aussi invités à ne pas être sourd au cri de la terre, cette terre dont saint Paul dit qu’elle gémit : En effet, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu… Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. La création, dans son ensemble, a aussi besoin d’être écoutée. Nous sommes invités à ne pas être sourd mais à écouter avec notre cœur le cri de la terre.

En écoutant le cri de la terre, nous écoutons encore la Parole de Dieu. En effet, depuis toujours les théologiens considèrent qu’il y a deux livres de la Parole de Dieu : la Bible et le livre de la création. La création est vue comme un livre parce qu’elle est sortie des mains de Dieu, Dieu l’a écrit avec son cœur, par son Verbe Il a créé tout ce qui existe. Nous devons apprendre à lire le livre de la création, à écouter ce qu’elle a à nous dire.

Dans notre région du Beaujolais nous l’écoutons d’une manière particulière à travers la vigne, nous la voyons de partout, et nous voyons aussi ceux pour lesquels elle constitue un travail. Nous reconnaissons le don de Dieu et le travail des hommes.

Offrir à Dieu ce que la terre nous donne, remettre entre ses mains notre travail est un geste universel. Le cœur de l’homme sent qu’il est redevable au créateur. Nous en prenons conscience dans chaque messe lorsque nous offrons le pain et le vin, fruit de la terre, de la vigne, et du travail des hommes. Il y a de bonnes années et des années plus difficiles mais il reste toujours le don et le travail accompli.

Nous disons notre reconnaissance, notre gratitude, et monte de notre cœur une action de grâce pour tous les bienfaits reçus : Dieu n’y est pas pour rien, Lui qui fait tout bon.

Dans la Bible les premiers à offrir les prémices de la terre et de leur travail furent Caïn et Abel. Ils l’ont fait tous les deux mais seulement un, Abel, de bon cœur. Caïn a été jaloux, il a été sourd à la Parole de Dieu. La jalousie a conduit Caïn à commettre l’injustice extrême contre son frère. Ce qui a provoqué à son tour une rupture de la relation entre Caïn et Dieu, et entre Caïn et la terre…  Tout est lié. La négligence… avec le voisin, envers lequel j’ai le devoir d’attention et de protection, détruit ma relation intérieure avec moi-même, avec les autres, avec Dieu et avec la terre. Quand toutes ces relations sont négligées, quand la justice n’habite plus la terre, la Bible nous dit que toute la vie est en danger… LS70

Il est bon de rendre grâce à Dieu. Tout est lié, nous ne sommes pas tous vignerons mais nous voulons avec eux reconnaître la bonté de Dieu et Lui offrir leur travail et le nôtre.

Abbé Pierre PEYRET

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