L’histoire de ce père et ses deux fils est une belle histoire que Jésus nous raconte mais une histoire qui nous concerne tous.
Chacun nous avons un lien avec Dieu, une relation unique avec notre Père du Ciel. Dieu nous regarde et nous voit toujours de manière unique : une fourmi noire sur une pierre noire dans la nuit noire, Dieu la voit ! Alors nous qui sommes à son image, à l’image de son Fils unique, vous pensez comme Il nous voit ! Dieu nous regarde avec ses yeux pleins d’amour, Il nous porte dans son cœur. Même si nous sommes loin, Il nous aperçoit. Dieu ne nous regarde pas pour nous surveiller, pour voir si nous faisons tout bien ; Il n’est pas comme le chasseur caché derrière un arbre en attendant que sorte le gibier pour lui tirer dessus. Dieu respecte notre liberté, même s’Il sait que nous pouvons en faire un mauvais usage. Il a pris ce risque, c’est le risque de celui qui aime vraiment. Nous avons tout reçu, tous les biens de la vie et de la terre, les biens du Ciel, la Vie de la grâce, le Pain Vivant, Jésus… et nous pouvons en faire une pauvre utilisation. Le jeune fils de l’Evangile se comporte comme un parvenu, quelqu’un qui aurait des droits sur son père : donne-moi la part de fortune qui me revient ! Le don de Dieu est toujours gratuit, sans mérite de notre part. Il est gratuit parce qu’il est premier : nous recevons tout de Lui. Il nous revient simplement de le reconnaître, d’être plein de reconnaissance pour ce que Dieu nous donne : Il donne, Il donne encore, et Il pardonne !
Cette relation filiale, entre les enfants de Dieu que nous sommes et notre Père commun, est aussi une relation fraternelle… Ou pas ! Car pour être fils, il faut être frère ; pour prendre soin de notre Père, il faut aussi prendre soin de nos frères. Dieu nous donne d’être ses enfants et Il nous donne les uns aux autres comme des frères et sœurs. Jésus s’adresse aux pharisiens qui condamnent et jugent les autres, comme si eux-mêmes n’étaient pas pécheurs. Si ton frère a péché va le trouver seul à seul dit Jésus… pour qu’il revienne vers ton Père, qui est aussi son Père. Notre Père… pardonne-nous nos offenses. Dans la parabole cela est exprimé : mon fils… ton frère était mort, il est revenu à la vie.
Dans la parabole ni le fils cadet ni le fils ainé n’arrive à être dans une relation juste avec leur père. Celui qui est ajusté, qui ne change pas, c’est le Père. Ainsi est Dieu, son amour pour nous ne change pas. Nous pouvons le rejeter, nous éloigner de Lui, L’oublier, Il nous attend toujours, Il nous guette. Il reste père… même quand nous ne nous comportons plus comme des fils, comme des frères.
Il a fallu longtemps au jeune fils pour reconnaître son péché. Il suit un mauvais chemin depuis le début et c’est seulement quand il est au fond du trou, avec les cochons, qu’il en prend conscience. C’est le drame du péché : aussi petit soit-il, il diverge, il blesse l’amour de Dieu et s’en éloigne peu à peu. Alors il faut se lever et faire le chemin inverse. Il faut prendre conscience de la distance qui s’installe, de la mauvaise habitude qui devient une routine. Il n’est pas toujours facile de nommer le mal, de prendre conscience du tort que l’on a fait aux autres, à Dieu. Notre société a beaucoup perdu le sens moral et elle qualifie de normal des actes que la conscience droite ne peut que reconnaître comme grave : les atteintes à la vie ; la dévalorisation de l’amour humain.
Dieu nous attend toujours dans le sacrement de pénitence. Il nous attend pour nous pardonner, nous relever. Jésus désire que nous fassions cette démarche de conversion et de pénitence qu’Il décrit merveilleusement dans la parabole du fils prodigue.
« Dieu seul pardonne les péchés. Parce que Jésus est le Fils de Dieu, il dit de lui-même : » Le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre » et il exerce ce pouvoir divin : » Tes péchés sont pardonnés ! « . Plus encore : en vertu de sa divine autorité, il donne ce pouvoir aux hommes pour qu’ils l’exercent en son nom. Le Christ a voulu que son Église soit… le signe et l’instrument du pardon et de la réconciliation qu’Il nous a acquis au prix de son sang… Durant sa vie publique, Jésus n’a pas seulement pardonné les péchés, il a aussi manifesté l’effet de ce pardon : il a réintégré les pécheurs pardonnés dans la communauté du peuple de Dieu d’où le péché les avait éloignés ou même exclus… En donnant part aux apôtres de son propre pouvoir de pardonner les péchés, le Seigneur leur donne aussi l’autorité de réconcilier les pécheurs avec l’Église….
Le Christ a institué le sacrement de Pénitence pour tous les membres pécheurs de son Église, avant tout pour ceux qui, après le baptême, sont tombés dans le péché grave et qui ont ainsi perdu la grâce baptismale et blessé la communion ecclésiale. » CEC 1441-1446
Dieu nous attend, Il nous espère. Il est patient. Laissons-nous embrasser par Lui dans le sacrement de pénitence et nous serons en communion avec Lui et avec nos frères.
Abbé Pierre PEYRET